COP26 : Un bilan en demi-teinte

La COP26 s'est terminée à Glasgow le week-end dernier. Que faut-il en retenir ?
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Cette conférence pour le climat a été le lieu de nombreux débats, annonces, et alliances politiques. Elle a abouti ce week-end à la signature d’un nouvel accord, le « Pacte de Glasgow ».

Voici un tour d’horizon des avancées de cette nouvelle conférence mondiale sur le climat.

1 – Le Pacte de Glasgow fait référence aux énergies fossiles.

C’est la première fois qu’un accord climatique de cette ampleur évoque les énergies fossiles. L’Accord de Paris ne contenait pas les mots « charbon », « pétrole », ou même « énergies fossiles ».

Le Pacte de Glasgow inclut (enfin) un appel à la réduction de l’utilisation et du financement des énergies fossiles,  malgré la résistance de certains états. Il était espéré un accord sur la sortie complète du charbon et du pétrole, mais il s’agit déjà d’une avancée importante, considérant la frilosité de certains états sur le sujet.

2 – On parle enfin du méthane.

Le méthane est le deuxième principal gaz à effet de serre d’origine humaine. Il a été souvent laissé de côté dans les discussions climatiques passées parce qu’il reste dans l’atmosphère bien moins longtemps que le carbone, mais il emprisonne bien plus de chaleur sur une période de temps similaire. Il était donc nécessaire d’inclure des discussions sur le méthane dans le programme de la COP26.

Résultats : le méthane est évoqué dans le Pacte de Glasgow, et des alliances ont été nouées officiellement entre 87 pays, qui promettent de réduire de 30% leurs émissions de ce gaz d’ici à 2030 par rapport à 2020.

3 – Les états se sont mis d’accord sur les règles des marchés du carbone.

L’idée de marché du carbone est de faire payer des forfaits aux pollueurs en fonction de la quantité de gaz à effet de serre que leurs activités libèrent dans l’atmosphère. Cela permettrait non seulement de pénaliser l’émission de gaz à effet de serre, mais également de réunir des fonds indispensables à la transition écologique, spécialement pour les pays les plus pauvres en manque de moyens.

Si le concept était inclus dans l’Accord de Paris, les COP intermédiaires n’étaient pas parvenues à fixer des règles communes qui permettraient une mise en œuvre effective et efficace au niveau mondial. C’est finalement chose faite, 6 ans après l’Accord de Paris.

4 – La promesse d’arrêter la déforestation. 

Une centaine de pays (dont le Brésil), regroupant ensemble 85% des forêts mondiales, se sont engagés à stopper la dégradation de leurs forêts respectives d’ici à 2030. Une promesse de fonds alloués à la protection des forêts a également été prononcée.

L’engagement de ces pays est plus qu’important, considérant le rôle majeur des forêts à la fois dans la protection de la biodiversité et dans l’absorption des gaz à effet de serre.

5 – La finance climat progresse.

Le financement de toutes ces promesses était une des questions les plus importantes et les plus complexes de cette conférence. Et pour cause : l’engagement de libérer 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 prononcé en 2009 à Copenhague n’a pas été atteint. Tout juste atteignait-on les 80 milliards à la date limite.

Les débats ont abouti sur un appel aux pays riches à doubler leurs financements climat entre 2019 et 2025.

Pour s’assurer de ces engagements, les Nations Unies se pencheront tous les ans sur cette finance climat pour s’assurer qu’elle tient ses promesses, et que de futures réunions de contrôle et de mise au point ont déjà été planifiées pour 2022, 2024, et 2026.

6 – Les échéances se rapprochent.

On parlait jusqu’alors d’objectifs pour 2050, voir 2100. Des échéances lointaines, qui laissaient aux gouvernements la possibilité d’abandonner à leurs successeurs les transitions demandées, et au public le sentiment que le problème climatique serait celui des générations futures.

Beaucoup des promesses et des pactes passés cette année ont des objectifs à 2030, voir à 2025, des dates bien plus proches, qui renforcent le sentiment d’urgence.

Pour Greta Thunberg et d’autres militants climatiques présents à la conférence (et autour), cette COP26 est un échec. Malgré une insistance continuelle sur un objectif de réchauffement limité à 1,5°C, ces derniers jugent les promesses insuffisantes, et rarement accompagnées de contraintes qui assureraient leurs mises en œuvre.

La déception semble être le sentiment dominant : cette COP26 n’a pas répondu aux attentes qui avaient été placées en elle. L’objectif des 1,5°C semble de moins en moins réalisable.

Le bilan est donc mitigé. Des avancées indéniables ont eu lieu lors de cette COP26, et l’urgence climatique semble enfin commencer à s’installer dans les esprits des dirigeants.

Pour autant, les promesses faites et les mesures annoncées ne semblent pas à la hauteur de la tâche herculéenne qui s’annonce. Rares sont les états qui semblent prêts à mettre les moyens nécessaires à une transition écologique accélérée.

Reste à voir les actions qui en ressortiront dans les années à venir.